Pendant mes 10 premières années de consultations de voyance, j’ai transmis un message agréable qui semblait pourtant rébarbatif à la fin pour ceux que je revoyais chaque année. Une espèce de leitmotiv, un mantra, une sorte de demande insistante et parfois incessante durant toute la consultation :
« – Prenez des vacances ! »
« – Je sais » ; « Oh oui j’en rêve » ; « J’aimerai tellement », « Mais… » et derrière ce « mais » vous ne pouvez imaginer ce que notre tête est capable d’inventer comme stratagème pour repousser l’évidence, pour nous laisser mijoter encore dans notre jus jusqu’à ce qu’il n’y ai plus de sauce… Prendre des vacances apparaissait jusqu’alors pour moi, la messagère, comme la solution miracle pour sortir de l’engrenage, du ras le bol ou de l’ennui morbide de notre vie.
Aujourd’hui, je comprends mieux leur réaction. Nous sommes tellement formatés pour le labeur et la récolte immédiate à la sueur de notre front que chacun croyait sans doute qu’il était question d’oublier les problèmes et d’aller faire la fête sur une plage de sable blanc sous les cocotiers… Mais que nenni! Au contraire, prendre des vacances hors de nos repères habituels est la seule opportunité de nous mettre vraiment à nu.
En prenant conscience de cette difficulté à se poser seul pour faire le point, j’ai eu l’envie de mettre en place ces fameux séjours initiatiques. L’idée était de proposer un cadre de vacances en retirant toutes contraintes et repères du quotidien pour nous permettre de vivre une expérience à part. Se retrouver avec soi, sans jugement, sans attente, sans culpabilité… Vivre l’expérience d’être « vacant».
Être en vacances signifie cela : « être vacant ».
On s’autorise, pendant cette période largement mérité avec grand peine pendant 11 mois, de vivre (enfin !) à notre rythme. On fait ce que l’on veut, quand on veut ! On écoute ses envies. On n’est plus obligé de suivre un programme à heures fixes ! Quelle délivrance !
Il fait beau, on va à la plage. Il pleut, on joue au Monopoly avec les enfants. On arrive parfaitement à s’adapter à l’instant présent ! Tiens donc ! On façonne sa journée minute après minute, en découvrant son début et en ignorant sa fin et ce n’est pas grave. Fini les plannings stressants, les retards culpabilisants, les obligations à tenir, les courses dans le métro, la sensation de fatigue au réveil, l’estomac qui se noue… On écoute son corps.
On est fatigué ? Facile, une grasse mat. On a envie de manger des fruits savoureux ? On flâne au marché le matin. Un peu de sport ? On fait une ballade à vélo au bord de l’eau. Rien n’est contraignant ou vécu par obligation.
Prendre des vacances ne veut pas dire seulement se payer une semaine de thalassothérapie ou 15 jours sur une île déserte à nager avec les dauphins. Prendre des vacances, c’est choisir de ne pas se mettre d’obligations sur le dos, c’est écouter et respecter ce qu’on envie de faire. C’est changer de rythme pour s’apercevoir enfin que notre course quotidienne nous enferme dans une fatigue moral et physique qui nous empêche d’être dans le discernement. On finit par oublier nos vrais besoins fondamentaux. On est pris dans un tourbillon d’habitudes qui nous fait renier nos valeurs ou oublier de poser ou de tenir notre cadre.
J’ai vécu à ce rythme pendant mes congés annuels il y a quelques années. J’ai lâché mon ordinateur, mes notes, ma comptabilité, mes appels téléphoniques… J’ai fonctionné en roue libre pendant 3 semaines. Je faisais ce que je voulais quand je voulais. A mon retour, j’ai eu l’impression d’être en vacances tout le temps. Et pourtant mes semaines étaient bien remplies et je suis de plus en plus heureuse au quotidien. Je n’avais rien programmé ni pour occuper mes journées, ni pour préparer ma rentrée et pourtant jamais les choses n’ont autant avancées dans ma vie. Je me souviens que je n’avais rien fait la première semaine. J’avais beaucoup dormis.
Les vraies idées et projets me concernant sont revenus dans ma tête naturellement au fil des semaines, mieux construits et épurés. Tout s’est mis en place sans avoir besoin de forcer ou de m’inquiéter quand un retard se présentait. Tout était clair et logique.
Depuis cette expérience, je ne bourre plus ma tête de nouvelles idées ou d’obligations, de programmations titanesques. Je vois la globalité de ma vie sans inquiétude. Je laisse les choses venir à moi et j’ai alors le temps de ressentir dans mon cœur et dans mon corps si elles sont justes pour moi, si elles font écho à mes valeurs profondes. Et cela change tout. J’ai pris du recul sur ma vie que je n’avais plus le nez collé à la vitre de mes projets.
Je fais ce que j’ai à faire et je laisse les autres face à leurs responsabilités. Et chacun les prend plus facilement autour de moi. Et surtout je ne prends plus celles des autres puisque j’arrive à discerner plus clairement ma propre responsabilité dans tout se qui se passe. Et j’ai plus de temps pour moi, qui l’aurait cru ?
Ce sont tous mes clients pendant les séjours ou après 3 semaines d’arrêt maladie après un burn out qui m’ont servis d’exemple. C’est leur vie que j’ai vu se métamorphoser après trois semaines d’arrêt contraints et forcés par leur corps ou leur décision de prendre un temps de retraite avec moi pendant ces séjours initiatiques.
C’est en les observant prendre du temps pour se relaxer, que je les ai vu mieux percevoir leur vie. J’ai saisi la notion de discernement qu’on ne peut avoir, sans ces fameux temps de pause, ces moments de rien.
Se reposer, digérer, ne rien faire est ce que j’ai vu de mieux pour avancer dans sa vie. Ce sont nos exemples qui m’ont donné le courage et la force d’essayer de m’écouter davantage, de faire confiance à la vie et cela fonctionne !
Si nous choisissions d’être vacants tout le temps et d’accepter de prendre de vraies vacances pour une fois…